mercredi 14 mai 2014

Cultivons notre RAR

Chacun a une façon différente d’envisager le risque dans sa pratique, appelons cela le « rapport au risque »,  le RAR. Notre RAR n’est pas inné il évolue et se construit au fil de nos expériences et de nos connaissances. Tous les RAR sont respectables mais une chose est sûre : un RAR bien développé et bien joufflu est un facteur de sécurité pour son propriétaire.

Certains pensent que les accidents n’arrivent qu’aux autres, aux pinpins qui font des erreurs. D’autres pensent que c’est le doigt de dieu, là au mauvais moment au mauvais endroit. Ceux là n’ont nul de besoin de comprendre les accidents des autres pour construire leur RAR. Tant mieux pour eux.

D’autres se posent mille questions à chaque accident grave. Que s’est – il passé ? Pourquoi lui/elle ? Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que cela aurait pu m’arriver ? Combien de morts par an ? 1 ? 10 ? 50 ? Combien d'handicapés? Est-ce comparable aux autres sports de nature? …



Communiquer sur les accidents

En Angleterre chaque accident mortel fait l'objet d'une enquête dont les résultats sont publics. En France, où chaque incident aéronautique est consigné, rien d'accessible quant aux accidents de vol libre. Pourtant, chaque décès fait l'objet d'une enquête mais ses conclusions restent confidentielles. Au mieux des statistiques globales paraissent pour qui est capable de les trouver.

C’est préjudiciable pour ceux qui construisent leur RAR en essayant de comprendre les accidents des autres.


C’est préjudiciable à l’image de l’activité. A l’heure d’internet où information et désinformation coulent à flot le silence de la FFVL sur ce sujet est assourdissant.

Qu'en pensez-vous?

10 commentaires:

  1. J'en pense que je suis 100%, voire plus, d'accord avec toi. A trop cacher (en tous les cas en avoir l'air) ces incidents, ces accidents, ces décès, on suscite le doute. Plus de transparence et d'infos sur les accidents et leurs conséquences feraient le plus grand bien.

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    1. Bien d'accord avec toi François, l'absence d'info suscite le doute qui suscite la défiance...

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  2. J'ai remarqué aussi l’effet "mémoire de poisson rouge" chez les parapentistes (et sûrement les autres sports, j'en suis sûr) qui est surement dû au manque d'info sur les accidents.
    Je viens d'apprendre 2 accidents de parapentistes que je connaissais. Coup sur coup. Mortels à chaque fois. Ca fait réfléchir. Et sur le moment, j'avais beaucoup moins envie de voler.
    Mais, chez certaines personnes, les accidents n'arrivent qu'aux autres... j'en veux pour preuve l'accident de delta en Mars 2013 à Bar sur Aube. Un gamin a été fauché par un deltiste qui s'était retrouvé dans les rouleaux au déco et a failli étre décapité (et moi aussi d'ailleurs si je ne m'étais pas jetté par terre). Beaucoup de deltistes et parapentistes on assistés à la scène ou il a failli y avoir des morts. Et pourtant, au bout de 10 minutes, tout le monde avait comme oublié...et les gens se sont remis en l'air comme si de rien n'était.

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    1. merci Richard pour ton commentaire. c'est sûr que quand on a intérêt a oublier on oublie vite...

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  3. Dans une activité à risques tel que le parapente, nous manquons crucialement de vraies données sur les incidents et accidents graves.
    Nous savons qu'ils touchent tous les niveaux mais pas en détails
    Les débutants sont ils touches par manque d'expérience
    Les confirmés par excès de confiance ?
    Le matériel a t il une part de responsabilité ?
    Mais sans aucune donnée publiée nous permettant de mesurer le risque.
    A quand plus de transparence ?

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  4. Pour notre pratique, il me parait crucial de cultiver notre RAR.
    Celui-ci évoluant avec nos expériences mais aussi celles de nos comparses de vol, une transparence sur les accidents de la part de la FFVL serait gage de prévention et de sécurité pour nous tous.

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    1. Merci Mat! A ma connaissance la seule ressource publique compilant les accidents mortels en parapente est là : https://docs.google.com/spreadsheet/ccc?key=0Atpf02KY21FydGpiRTNMYktCQjkwMkxtRXMxX04tN3c#gid=3
      (Disclaimer : je ne suis pas étranger à sa création)

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  5. Le travail de recensement et d'analyse des accidents me semble utile et nécessaire, car nous adaptons notre pilotage au rique ressenti sans connaitre le risque réel. Je suis sans doute un peu plus nuancé sur la responsabilité de la seule FFVL.


    Tenter de mieux comprendre ses erreurs pour essayer de les corriger est une des meilleures façons de progresser.

    C'est une démarche institutionnalisée dans beaucoup de domaines.

    Lors de l'echec du lancement d'une fusée on bloque habituellement les nouveaux lancements jusqu'aux conclusions de l'enquête technique puis jusqu'à correction des erreurs ayant pu favoriser l'echec.

    Lorsqu'une equipe de foot prend un but on repasse la vidéo pour vérifier s'il n'y a pas eu des erreurs de placement des défenseurs.

    Dans mon domaine professionnel ( médecin hospitalier) c'est devenu obligatoire d'avoir des réunions pour critiquer collegialement les prises en charge qui ont abouti à l'échec.

    Lors d'un SIV on regarde la video du vol pour comprendre et adapter son pilotage.



    Cette réflexion est à mon avis très utile mais nécessite différents efforts.

    D'abord prendre le temps de signaler les incidents alors que rien ne nous y oblige et qu'il n'y a pas de benéfice individuel immédiat. En parapente il n'y a habituellement pas de prime d'assurance à toucher et l'on risque des commentaires critiques (type"imprudent" voir "irresponsable"...)

    Ensuite il faut une volonté d'ouverture sincère de ceux qui sont impliqués . Ce n'est pas toujours facile car nous avons tous notre fierté ou notre orgueil ( les parapentistes au moins autant que les autres ...) et il est plus facile de taire ses échecs que de les exposer. Il est aussi plus facile de critiquer les erreurs du vol d'un inconnu que de présenter les siennes, et délicat de commenter celles d'un ami.

    Le moment du debrief est également important. Il ne doit pas être trop précoce car la démarche nécessite du recul et si possible pas trop de réactions émotionnelles.Il ne doit pas être trop tardif non plus pour ne pas avoir tout oublié des circonstances.Certains cas seront riches d'enseignements et mériteront des réflexions d'autres seront plus classiques et évoqués plus rapidement.

    Enfin le but est de pouvoir déboucher sur des conclusions pratiques et des adaptations de technique, de matériel ou d'organisation.



    Tout ceci relève d'une évolution collective que je qualifierais de culturelle associant autocritique et tolérance. Nous faisons tous des erreurs ou nous en avons tous fait, parfois/souvent sans en être pleinement conscients.Certains sont plus expérimentés, d'autres moins, mais aucun n'est infaillible.



    La FFVL est sans doute bien placée pour centraliser les déclarations d'accident. Elle pourrait être moteur ou catalyseur car les statistiques sont effectivement importantes pour pouvoir tirer des enseignements et évaluer les risques de tel ou tel mode de pratique, mais je pense que la démarche doit avant tout venir de la base, des pratiquants eux mêmes qui doivent assumer leur incidents de vol et accepter de communiquer sur leurs accidents comme ils le font à propos de leurs exploits.







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    1. Merci Dominique pour ce commentaire! D'accord avec toi pour appeler à une révolution culturelle sur l'accidentologie tant au niveau de la FFVL qu'a celui du volant lambda. Toujours choquant pour moi que le moindre vol de + 15 km puisse être déclaré, documenté et rendu public (la CFD) alors que les comptes rendus d'accidents restent confidentiels. Exception à la règle dont je me réjouis : la BDNA http://bdna.ffvl.fr

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